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Le kübelwagen s'arrête mollement au pied de la plage. Là où quelques mois auparavant les familles parisiennes passaient tranquillement leurs week-ends en famille, deux officiers SS se dressent dans leurs tenues parfaitement sanglées.






Un nouveau service : le TRACFINpar Merlock
Pratiquement inconnu du public, moins prestigieux que la DST, moins sulfureux que les RG, moins "barbouze» que la DGSE, moins technique que la DRM, le TRACFIN n'en reste pas moins une agence, petite par la taille mais importante par l'ampleur mondiale de son champ d'activité dans la lutte contre le crime organisé, le grand banditisme, le terrorisme... et le Mythe.
Le TRACFIN
Le kübelwagen s'arrête mollement au pied de la plage. Là où quelques mois auparavant les familles parisiennes passaient tranquillement leurs week-ends en famille, et là où bientôt l'organisation Todt dispersera les premières ébauches du Mur de l'Atlantique, deux officiers SS se dressent dans leurs tenues parfaitement sanglées. Sous les casquettes frappées de la tête de mort, les regards bleu acier s'immobilisent vers le large, tandis que les flots verdâtres de l'Atlantique vont et viennent devant leurs bottes impeccablement cirées. Rapidement, quatre camions de transport viennent s'immobiliser à leur tour : un pour la piétaille, les trois autres pour les " cobayes ". Les ordres claquent, et bientôt une soixantaine de civils, hommes, femmes et enfants sont docilement disposés en rangs d'oignons, face à la vingtaine de gardiens, plus proches des machines que d'êtres humains - pas un trait, pas une expression sur leurs visages, lisses et pâles comme du bristol. Les quelques prisonniers ayant combattu durant la (trop) courte campagne de France s'étonnent d'un curieux détail. En effet, l'insigne de col droit ne présente pas les habituelles runes argentées SS ni le numéro de division, mais un calice (un Graal ?), frappé de la svastika, et accompagné des lettres KRT. De plus, le nom de la division n'est pas cousu sur la manche gauche - curieux laisser-aller pour ces soldats-flics, les parfaites vitrines du IIIe Reich.

De nouveau, les soldats aboient, et à coups de crosses et de fouet les " cobayes " avancent - technique soigneusement élaborée chez les collègues de la SS " Totenkopf ", les gardiens des camps de la mort. Les deux officiers se sont écartés, le temps de fumer une dernière cigarette, tandis que les prisonniers prennent place sur le rivage. Lentement, deux soldats restés en arrière apparaissent avec un container extrait de leur camion, qu'ils disposent lourdement devant leurs supérieurs. Ceux-ci approuvent d'un simple hochement, les deux schültzen défont le cadenas.

Les prisonniers n'espèrent plus rien, ils savent déjà qu'ils sont condamnés, et pourtant, les questions se succèdent. Pourquoi les nazis les ont-ils emmenés en Normandie, pas en Allemagne ? Pourquoi cette plage ? Pourquoi ces soldats aux curieux insignes ? Pourquoi cette caisse ? Où sont les chiens, les barbelés, les camps où ils auraient dû échouer après la rafle ?

Le container est enfin ouvert, révélant deux tablettes noires, et quelques bijoux. Les deux officiers, ôtant leurs imperméables, se partagent ces curieux ornements, et bientôt colliers, bracelets et pectoraux viennent " illuminer " leurs sinistres uniformes couleur nuit. En même temps, les porteurs du container s'enfoncent jusqu'au torse dans l'océan, y jetant les pierres.

Entre leurs lèvres mi-closes, les officiers (ou officiants ?) entament un chant curieux, dont nul n'arrive à déterminer la langue employée. Les minutes passent, alors que le soleil semble s'enfoncer au loin dans l'écume. Les prisonniers n'y comprennent décidément plus rien - la logique allemande leur échappe définitivement. Mais quelque chose vient de bouger dans le creux des vagues ! Des silhouettes apparaissent ! Et si. Et si c'était des plongeurs anglais de l'OSS venus les sauver pense t-on follement ?

Pourtant, pas de masque, d'appareil respiratoire, de tenue de plongée, encore moins de Tommies. Les visages, encore moins les corps, n'ont rien d'humains, ridicules mélanges bâtards de batraciens et de poissons. Personne ne pense à fuir - les SS pointent toujours leurs armes, sans même se soucier ou s'inquiéter des nouveaux arrivants. Ils comprennent enfin : la plage, les bijoux, les tablettes noires, les chants. Ils comprennent, trop tard, que les Allemands n'ont peut-être pas seulement pactisés qu'avec le diable.

D'autres comprennent aussi. Malgré le ratissage millimètre par millimètre, les mines, les sentinelles dispersées autour de cette plage qui désormais n'aura plus rien à envier à Omaha Beach " la Sanglante ", certains spectateurs n'ont pas perdus une miette du spectacle. D'après ses godasses à semelles de bois, son pantalon rapiécé, sa chemise maculée et son galurin, on pourrait dire qu'il ne s'agit que d'un paysan, mais un an auparavant, il gravissait les marches du Quai des Orfèvres en grande tenue d'été, et plaque tricolore dans la poche. Il a tout vu et tout compris, et il sait pertinemment que les informations qu'il détient pourraient lui valoir soit une balle allemande, soit la reconnaissance éternelle de son patron, le même depuis Paris et désormais à Vichy. Le destin fera que trois jours plus tard, son rapport complet tombera entre les mains de Monsieur le Président du Conseil de l'Etat Français Pierre Laval, grand gestionnaire de la zone sud dite " libre ".

Sceptre est né.
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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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